Prix de l'amitié franco-allemande

30 Septembre 2019
Le sherpa rhénan
Patrice Harster distingué par le Prix de l'amitié franco-allemande

Nombreux sont ceux qui, par conviction européenne et par amour pour leur pays voisin et la région commune, se sont engagés ces dernières décennies pour la cohésion du Rhin supérieur et de la région frontalière franco-allemande. Peu importe le nombre de noms qu'on peut citer, Patrice Harster est incontournable. Il se consacre à la disparition des frontières du Rhin supérieur, tantôt en tant que Directeur général des Services du GECT Eurodistrict PAMINA, tantôt en coulisses en tant qu'expert pour la mise en oeuvre des directives européennes dans la région transfrontalière. Sa vision toujours présente : celle d'une Europe des citoyens sans frontières.
 
                                                                         Remise de prix par Rolf Mafael,Ambassadeur, Représentant permanent de l'Allemagne auprès du conseil de l'Europe et Consul général                                                               
  Remise de prix par Rolf Mafael, Ambassadeur, Représentant permanent de l'Allemagne auprès du conseil de l'Europe et Consul général
(c) Hervé Michel
 


Interview

Monsieur Harster, depuis plus de 30 ans, vous êtes engagé pour une Europe sans frontières. Pourquoi ?
J'ai eu la chance d‘être né dans le bassin rhénan et d'avoir ainsi le transfrontalier dans les veines. Et j'ai eu la chance déjà à l'époque, par le biais de mes parents, de traverser les frontières régulièrement même quand il y avait encore les douanes. J'ai découvert Bâle, Fribourg, Karlsruhe et Landau et le Rhin supérieur est ainsi devenu mon grand chez moi. Bien sûr cela ne suffit pas. C'est durant mes études universitaires que je me suis vraiment passionné pour le franco-allemand. J'ai fait ma thèse sur le travail à temps flexible et la compétitivité de l'économie allemande et je m'étais déjà engagé dans la voie de l'habilitation pour devenir maître de conférences. Toutefois, lors d'une soutenance de thèse d'un ami, mon ancien directeur du laboratoire de recherche m'a informé que la nouvelle collectivité « Région Alsace », cherchait un collaborateur pour la coopération transfrontalière. Je savais qu'il fallait faire un choix crucial pour la suite de ma carrière, à l'Université ou sur le terrain. Finalement l'amour pour le franco-allemand et les choses compliquées l'a emporté.

Le Prix de l'amitié franco-allemande vous a remis dans le cadre du Traité de l'Elysée sur la coopération franco-allemande. Selon vous, quels sont les défis pour la coopération de demain, en particulier dans notre région frontalière/dans l'Eurodistrict PAMINA ?
Ma motivation a toujours été que cette richesse de la culture transfrontalière et l'interculturalité franco-allemande perdure. Que les gens se parlent et se rencontrent dans la proximité de la frontière. C'est un combat au quotidien et c'est beaucoup plus que d'aller faire ses courses en Allemagne ou de rentrer chez soi quand on est travailleur frontalier. Impliquer la société civile, ça a toujours été et ça restera toujours le plus grand enjeu pour nous. Par exemple, le Traité d'Aix-la-Chapelle qui a été signé le 22 janvier 2019 est le premier Traité qui reconnait dans son chapitre 4 l'action transfrontalière. Malheureusement la société civile n'a pas ou très peu été consultée.
Il faut créer des conditions de partages de croissance, harmoniser l'accès à l'éducation et les diplômes pour permettre aux jeunes de travailler en France et/ou en Allemagne, ou encore garantir l'accès aux soins médicaux pour tous dans l'Eurodistrict PAMINA. Le citoyen ne doit pas avoir d'obstacles dans sa vie quotidienne lié à des contraintes réglementaires ou législatives.
Finalement, on reviendra toujours à une chose qui me tient personnellement à coeur : il faut que tout le monde ait la possibilité d'apprendre la langue du voisin, c'est une priorité.
J'habite à Wissembourg ? Je dois avoir la possibilité d'apprendre l'allemand. J'habite à Landau ou à Baden-Baden ? Je dois avoir la possibilité d'apprendre le français.                         
Et pourquoi ? Parce que c'est une richesse culturelle, les langues représentent l'accès à la culture du voisin, mais également économique, en termes d'apprentissage ou encore d'emploi.

Vous êtes considéré comme un homme de longue haleine. Est-ce là votre secret du succès ?
Oui, il faut être endurant et il faut avoir l'amour du compliqué. Car souvent, un projet ou une stratégie ne se réalise pas en trois ou cinq ans, mais en quinze ou vingt ans.  Il faut être à la fois patient, persévérant, mais aussi être très créatif. Nous nous trouvons toujours dans un système avec des lois, des règlementations différentes.
Il faut savoir anticiper les choses, c'est-à-dire être dans l'action plutôt que de devoir réagir. Plus on anticipe, et plus on sera force de proposition et reconnue en tant que tel. C'est finalement un savant mélange entre la connaissance et l'expérience. Mon métier est également de guider, d'orienter et d'accompagner les élus français et allemands dans leur quête quotidienne de rapprochement et de défis à relever. C'est pour cela que l'on m'appelle le sherpa rhénan.
 
Le Prix de l'amitié franco-allemande
Le Prix de l'amitié franco-allemande a été créé en 2008. Il récompense des citoyens français ou allemands de toutes origines, géographiques ou sociales, qui s'engagent personnellement pour faire progresser l'amitié entre Français et Allemands. Leurs initiatives ont valeur de modèle. Elles sont susceptibles de motiver d'autres personnes à s'engager pour promouvoir à leur tour les relations entre les deux peuples.

Source et plus d'informations: Missions allemandes en France
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